Nous avons d’abord réalisé interviews sous forme d’entretiens ou de google form. Nous avons interrogés nos enquêtés sur ce qu’ils recherchent sur ce réseau, leurs usages (par exemple, est-il intermittent ?), la construction de leur profil, les types de personnes recherchées et les résultats de leur matchs. Par exemple, les rencontrent-ils vraiment ?
Nous avons aussi souhaité observer l’application par nous-même. Nous avons alors créé un profil, dans lequel nous avons poussé à l’extrême le facteur classe sociale avec un lieu d’étude (Sciences Po) et de vie (16e arrondissement de Paris) marqué dans le sens commun, et ce dans la perspective de notre premier axe sur l’endogamie.
Le profil est féminin et hétérosexuel, car les personnes homosexuelles ont un rapport historiquement différent à la rencontre en ligne, qui tient à la minorisation de ce groupe social. L’enquête aurait été trop vaste et moins approfondie. Nous likons tous les profils qui se présentent à nous (33 pour Mia 1) et observons les caractéristiques de ceux avec lesquels notre faux profil matche. Pour des raisons éthiques, nous n’avons pas mis de photos de visage et de corps réellement apparents dans le profil de Mia. Nous n’engageons pas non plus de discussions et nous arrêtons au "match" là aussi pour des raisons éthiques (il ne s’agissait pas de créer de fausses relations avec les utilisateurs). Nous touchons ici aux limites et aux biais de notre méthode d’enquête. La nécessité d’avoir des numéros de portable, des informations personnelles et des photos ne nous ont pas permis de réaliser plus de profils. Les résultats ne sont évidemment pas les mêmes dans le cas d’un profil sans photo de visage dégagé. Le nombre élevé de matchs nous laisse cependant penser que cela n’a pas totalement rebuté les utilisateurs.